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Les petites lettres

Les petites lettres

Petites histoires de gens ordinaires et extraordinaires par Odile Lasmarrigues


Poursuivre

Publié par Odile Lasmarrigues sur 31 Janvier 2022, 11:35am

Catégories : #Plus personnel, #Société

Poursuivre

Aujourd'hui, c'est mon anniversaire.. Quelle belle affaire... Est-ce une raison suffisante pour reprendre la plume, cette même plume abandonnée au cours du confinement ?

 

Remplie, jusqu'à l'écœurement, par les écrits des autres.Tant de contenus créés, partagés, commentés, critiqués, j'ai vu sous mes yeux le besoin d'exister chez l'autre, ses failles, son désir de s’émanciper d'une vie qui ne lui convenait plus. J'ai vu cet espoir dans l'autre et j'ai compris qu'il était vain.

 

En moi, plus de palpitation, plus de création possible, plus assez de vide pour laisser émerger des mots. Pourquoi rajouter encore à l'engorgement général..

 

Des jours de silence, des mois à attendre que quelque chose renaisse en moi. Tous les sujets me paraissent à présent galvaudés.

 

Alors parler de quoi, de moi ? Toujours ramener à soi et se regarder le nombril, voilà maintenant la société dans laquelle nous évoluons. A-t-on besoin chaque année, à même date, de faire le point sur sa vie, d’évaluer ses objectifs, de s'en créer de nouveaux pour avoir le sentiment de ne pas passer à coté de son existence, de profiter au maximum, de se croire indispensable au mouvement général, à faire acte de bienveillance pour être vue comme une bonne personne ? A ton besoin, toujours, à 45 ans d’être validée à travers le regard des autres ? On dirait que oui..Un éternel recommencement.

 

Alors elle arrive quand la sagesse ? Le moment où, paraît-il, on se sent grandi, complet, presque magnétique ?

 

Devant moi, une porte fermée, terrifiante. Un tournant doit s’opérer, un changement qui se veut graduel mais qui pour moi est d'une violence inouïe. Cette transition, ce « processus d'individuation » dont parle un célèbre psychiatre qui nous appelle vers le milieu de notre vie à trouver un sens plus profond et plus cohérent à notre existence.

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Devant moi, la peur, intense et irrationnelle peut-être, mais réelle pour moi. J'ai peur d’ouvrir cette porte et tomber dans le vide. Les jours continuent de s’égrener, doucement, régulièrement, mais ce constat, toujours plus présent à chaque fois que je me couche dans mon lit le soir: encore un jour de passé...

 

Oui bien sur c'est la peur de mourir qui me paralyse, mais aussi la peur de vieillir, de voir partir mes enfants loin de la maison, de perdre mes proches, mes parents. Pourquoi suis-je si encline à accompagner les autres dans leurs pertes successives et si incapable de me rassurer moi même.. Toujours cette histoire du cordonnier..

 

Quelle puissance me raccroche au passé transformant mon vécu en images évanescentes? Est ce qu'une existence est meilleure qu'une autre parce qu'elle est plus longue ? Dois-je tout abandonner pour avoir l’illusion de me réaliser ? Je ris de moi même, de me voir toujours aussi perdue après avoir dévoré toute la production littéraire en développement personnel. L'intellectualisation de l’ordinaire..

 

Elle est peut-être bien là d'ailleurs la racine du mal. A trop vouloir potentialiser sa vie, à trop croire au fait que nous sommes des êtres illimités, n'est-il pas juste de se demander si ce n'est pas cette pression que l'on se met qui nous rend tous fous ?

 

Le fait de croire que l'on peut embrasser tous les destins n'est-il pas le foyer de la culpabilité de ne pas y arriver ? Il n'est pas vrai de croire qu'on peut tout réussir, que tous nos rêves peuvent devenir réalité, me rattacher à cette conviction n'a fait que raviver mon désenchantement. Il est aisé de passer de l'espoir à l'amertume.

 

La sagesse tant attendue viendra probablement de l’acceptation de cette réalité là, de ces micros deuils successifs, pour ne laisser apparaître que le résidu de notre être, la partie fertile et débarrassée de toutes les projections inutiles.

 

Devant moi pourra s'ouvrir alors un autre futur, moins teinté de réussite sociale, plus riche d’expériences valorisées...

 

Qui sait, laissons sa part à l'inattendu et laissons là les stratégies et le contrôle. Les projets idéalisés de mon adolescence ne se présenteront peut-être plus tels que je les avais rêvé mais pourquoi ne pas adopter une attitude plus résiliente en laissant se révéler les surprises du hasard.

 

Vivement l’année prochaine, que l’introspection recommence !

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